Oui, il s'agit des brouillons notés lors du dernier cours...Comme certains m'ont demandé de regarder mes notes à la suite, et que quelques-uns m'ont donnés des commentaires positifs - dont mon frère, chose extrêmement rare - j'ai décidé d'y conférer quelques retouches pour ensuite les poster sur mon blogue...
Mon intention lors de cet exercice, c'était de me concentrer uniquement sur les images que produisaient les chansons dans mon esprit, non en écoutant leurs paroles, mais bien en écoutant la musique en temps que telle (bien sûr, il y eut des instances où j'ai enfreint mes propres règles, mais que voulez-vous! Je suis, après tout, rien qu'un apprenti écrivain particulièrement pathétique), ce qui résulta parfois en des images assez surréalistes où dérangeantes. Comme je me suis exprimé comme un bouffon imbécile dans le cours en tentant de relater mes visions inhabituelles, j'espère bien qu'ici, vous décélérez une richesse littéraire un peu plus étoffée. Merci bien pour votre lecture. Si vous avez des commentaires, des critiques ou des insultes, n’hésitez pas à me les faire connaître s’il-vous-plaît!
-I- Herby Hancock, « Watermelon man » = Au cœur d'une interminable forêt se promène un petit être bien étrange. Le bonhomme aux traits folkloriques en question ne doit pas mesurer plus de cinquante centimètres, et bien qu'il apparaisse quelque peu grassouillet, a le poids équivalent à celui d'une grosse pomme. Sa peau d'une teinte brune foncée semble délicate, lisse, mais un toucher attentif révélerait une texture comparable à celle de l'écorce de chêne mûri. Ses jambes minuscules sont quasiment inexistantes, et ses longs pieds effilés sont dénués d'orteils. Ses longs bras maigres sont dotés d'une musculature sinueuse et serpentine, et ses six doigts (trois sur chaque main, bien entendu) très bouffis sont enduits d'un liquide mielleux qui le permet de s'agripper et se maintenir à toutes sortes de surfaces, tel un arlequin forestier qui imite un gecko. Ses grands yeux rouges sans pupilles semblent toujours immobiles, et sa bouche sans nez en forme de cylindre pousse des cris aigus qui évoquent l'abominable chant du coucou. Sur sa ronde tête parsemée de cheveux aussi blonds que le blé - car ils s'agissent véritablement de blés blonds, à vrai dire - il porte un long chapeau vert fait de feuilles et de fibres de plantes, sous lequel est dissimulée une petite flute de pan en bouleau jaune. Cette adorable créature habite la forêt, ou il passe ses journées à sauter de branche en branche avec plus de grâce que le Dieu de l'acrobatie en personne, à une vitesse si époustouflante qu'il serait invisible à l'œil des hommes. Mais, même si un être humain réussirait à s'aventurer dans ce bois damné, il ne retrouverait sûrement jamais la bête: ce boisé occupe à lui tout seul une superficie supérieure à celle du Mexique, et les arbres sont si grands que si on s’aventurait à la mi-hauteur de ces béhémoths de bois, on n’apercevrait ni le bas de l’arbre, ni son sommet…
-II- Miles Davis, « Flamenco sketches » = Une vieille dame est habillée comme si elle allait à un cimetière : robe noire longue, lisse et luxueux, complété par un petit chapeau voilé, adorné d’une plume de corneille. Malgré sa position courbaturée, son visage enfoui dans une ruine de rides, ses yeux vitreux sans couleurs, et sa main chevrotante qui tient une canne, la dame incarne un idéal de force et de volonté. Le ciel de nuit vomit une pluie lourde et violente sur elle, et bien qu’un petit « diner » à l’américaine se trouve tout près d’elle, elle préfère faire des allers-retours sur le trottoir en face de celui-ci, ses souliers éclaboussant la beauté des flaques d’eau vierges au passage. Tout près du resto se trouve un sans-abri à la peau noir misère, le regard vitreux et aveugle, saxophone à la bouche, son rat de compagnie aussi gros qu’un chaton sifflotant au rythme de sa piètre symphonie. Lors de ses nombreux passages, la vieillarde lui jette hasardeusement une pièce de monnaie ou un bijou quelconque.
-III- The Beatles, « Oh Darling! » = Un gars à l’air pâteux, visage aussi gras que ses cheveux frisés, les joues martyrisées d’une acné virulente si intense qu’elle est odorante, chante très, mal habillé de rien de plus qu’un short en spandex mauve, à la fenêtre de sa bien-aimée, qui le regarde avec un regard qui mélange haine, dégout, désespoir, honte et nausée.
-IV- The Rolling Stones, « Rip this joint » = Une dame d’âge moyen, peau sombre et basanée, tête carrée coiffée d’un bandana beige, travaille inlassablement à la cuisine d’un resto-bar jazz. Un groupe chante sur scène les « Blues » à pleins poumons, style heavy metal démentiel, offrant aux clients une mélodie pour le moins dérangeante. Elle est grasse de toutes parts et visiblement fatiguée, mais elle a aussi une musculature qui ferait rougir de hontes plusieurs bucherons, ainsi que des cheveux noirs longs et soyeux. Tandis que ses mains manipulent magistralement aliments et ustensiles, elle tente de satisfaire les demandes énervantes et franchement stupides des quatorze jeunes orphelins criards qui tirent sur son tablier, tout en essayant tant bien que mal de profiter de sa cigarette.
-V- Lou Reed, « Walk on the wild side » = Il y a un couple. Un jeune homme aux cheveux couleur corbeau attachés en queue de cheval est assît un peu nonchalamment. Il est habillé d’un manteau de cuir épais sans manches, d’une légère cotte de mailles, d’un pantalon ample, et de grandes bottes en acier blanc. Sur ses genoux est couchée la tête délicate d’une fille endormie au visage angélique. Elle a une tunique verte très grande, des pantalons blancs, et des bottes pleines de boues. Ses cheveux courts et châtains sont éblouissants, et ses cils frémissent au rythme de ses lentes respirations. Ils sont au dos d’une tortue titanesque, qui doit bien faire huit mètres au garrot. Ses yeux verts à demi assoupis semblent exprimer un contentement à l’égard des jeunes gens qu’il transporte le long de ce canyon roux. Tandis que le ciel vire au vermillon à mesure que le soleil se couche, de magnifiques oiseaux violets et azurs s’envolent en piaffant une aria romantique.
-VI- Massive attack, « Karmacoma » = Un grand homme à la barbe mal rasée se promène lentement dans une allée sombre et sale, ses pas résonnant à travers la ruelle de manière inquiétante. Il porte un long manteau noir à capuchon qui lui recouvre le visa presque entièrement, et traîne dans la boue et les ordures au sol. Dans sa gueule, une cigarette, dans son poing, un pistolet gigantesques, les deux exhalant une fumée sadique, tandis que la maigre lumière du tabac embrasé révèle une multitude de cadavres éventrés, décapités, explosés, découpés et tout bonnement ruinés ici et là, baignés dans un fleuve de sang si stagnant que l’on peut palper le goût du fer.
-VII- Radiohead, « Exit music » = Une jeune dame nonchalante se promène dans une sorte de vide immaculé et infini. Elle est nue, sa peau couleur perle pâle contrastant mystérieusement avec ses cheveux noirs, si long qu’ils semblent transformer le vide derrière elle en ciel nocturne. Tandis qu’il pleut des plumes de faucons, ses lèvres s’agitent macabrement, formulant une sorte de prière totalement incompréhensible, même pour le Dieu auquel il est destiné. Chaque fois qu’elle prend un pas, une explosion de peinture fluo retentit à quelque part : verts fluo, mauves aveuglants et jaunes psychédéliques se mélangent dans ce monde sans réalité.
-VIII- Félix Leclerc, « Le train du nord » = Dans un univers de dessin animé en noir et blanc, se situant près d’un port caricatural où voguent des bateaux à vapeur par dizaines, Mickey Mouse est en train de battre à mort un jeune bambin, maculant le port de son sang et ses tripes juteuses, une soif de violence explicite animant le regard machiavélique de la souris.
-IX- Gainsbourgh, « Black trombone » = Un enfant de cinq ans est en chute libre dans un ciel orageux, riant comme un fou, s’amusant comme il ne s’est jamais amusé auparavant. Il se réjouit en faisant des « loops » comme un albatros gracieux, et en évitant des éclairs comme un petit ninja, tirant de la langue aux nuages trop bêtes pour l’attraper. Autour de lui se trouvent de milliers d’autres enfants, tous en chute libre, aussi excités les uns que les autres.
-X- Jean Leloup, « Les fourmis » = Un adolescent court à un pas exagérément rapide, à travers les ruines d’une glorieuse cité. Agilement, il contourne et évite les statues de divinités écroulées et saute par-dessus les riches piliers effondrés. Il pleure des larmes de haine bouillantes, et une cicatrice en forme de croix sur sa joue adopte le même teint gris marbre que les cieux sans âme qui vie.
Tu as bien fait ici de reproduire ces instantanées surréalistes. J'aime particulièrement celui de Miles Davis!
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