Récemment, un ami m’a convaincu de plonger au sein du domaine artistique très particulier du manga, me « condamnant » à voyager en nomade mal guidé dans le monde de la bande dessinée japonaise, question de m’habituer au style et à la saveur de cet art unique (je compte actuellement de faire une collaboration avec ce même copain pour publier quelques tomes en coopération; moi au scénario et lui au dessin…on verra bien!), pour laquelle j’ai développé une faim littéraire plutôt vorace, qui, au fil des jours, devient de moins en moins raisonnable. En fait, c’est en lisant une série au genre fantastique particulièrement morbide (pour les intéressés, le titre, c’est Berserk), j’ai fait une découverte non sur le manga, mais bien sur la littérature en son ensemble. Vous voyez, le protagoniste de la série, Guts de son prénom, m’est particulièrement attachant. Cependant, j’ai bien vite appris qu’il correspondait au moule de ce que l’on appelle un « héro byronien », appellation qui m’était antérieurement inconnue. Ayant développé une passion pour ce type de personnage tourmenté, mais attachant, j’ai décidé de faire une petite recherche sur le sujet…
Le nom « héro byronien » vient du fait que leurs maniérismes et leurs traits de caractères sont basés principalement sur ce que l’on connaît du célèbre poète anglais Lord Byron. Réputé pour sa masculine beauté, son courage, son intelligence et son charisme, il était toutefois reconnu comme un homme froid, et potentiellement cruel, forgé par une enfance rude et une carrière militaire violente. Ainsi, les Byronic heroes (comme on le dit en anglais; quel beau langage n’est-ce pas) partagent souvent certaines caractéristiques similaires ou communes avec ce poète un peu original, et c’est le cas du grand Guts.
Dû au fait qu’on le confond habituellement avec l’antihéros, le héros byronien n’est pas toujours reconnu…cependant, il y a son unicité bien particulière, bien que certaines de ses « qualités » sont communes chez d’autres types de personnages. Premièrement, il est habituellement mâle, et affiche un comportement un peu macho ou primaire, toujours teinté d’une touche d’assurance, ou même d’arrogance : c’est bien le cas pour le protagoniste de Berserk, qui a un sourire sadique éternellement plaqué aux lèvres et un comportement pour le moins condescendant et hautain. On retrouve également une intelligence certaine, une perspicacité supérieure à la normale, et une capacité d’adaptation incroyable, bien souvent camouflé derrière un voile d’imbécilité, et un cynisme grisant. Idéalisation de la beauté virile à son summum, le héros byronien se doit d’âtre athlétique, fort, beau, et un peu despotique au niveau social et sexuel. Je trouve difficile d’appliquer ces caractéristiques à homme (je suis, après tout, un passionné de la gent féminine avant tout), et encore plus dans le cas de Guts. Je ne crois pas qu’il est laid, mais il est couvert de cicatrices et il lui manque un œil. De plus, sa musculature surprenante, peut-être inhumaine, et ses inquiétudes aux sujets du désir le rendent un peu difficile à cerner, mais il est indéniablement dominateur dans ses agissements. L’aspect possiblement le plus important du héros byronien est néanmoins son instabilité émotionnelle, souvent causée par un passé troublant, qui le rendent aussi froid et amertumé que mystérieux, charismatique, et autodestructif. Dans le cas de Byron, ceci remonte aux abus aux mains de sa mère, et les insultes qu’il subissait inlassablement dû à une difformité dans son pied droit, qui le rendirent assez grand buveur, ne se privant jamais du corps d’une belle dame (prostituée ou autre), même s’il avait connaissance d’une maladie que celle-ci portait…Le héros de Berserk lui, affiche plutôt une réticence extrême au contact humain dû à sa jeunesse horrifiante : sa mère accoucha de lui le lendemain de sa pendaison, ce qui lui donna la réputation de l’enfant du diable. Intéressé, un groupe de soldats de fortune l’adoptèrent, espérant que son potentiel comme machine à tuer s’avérerait exceptionnelle. À quatre ans il assistait les soldats à la guerre, et à six il était forcé à combattre aux premières lignes. Battu et insulté par son père adoptif, il sera même vendu à d’autres soldats comme prostitué-enfant. Après avoir fui ce traitement, il devient paranoïaque au sujet des autres, et un guerrier qui s’abandonne totalement au combat, du au fait qu’il ne connait rien d’autre de la vie. Ainsi, son auto-destructivité, c’est sa rage guerrière, sa furie de « berserker » si vous préférez (de là vient le titre, bien entendu). S’il reçoit une flèche à la poitrine, il l’arrache et s’en sert comme poignard. Si un cavalier tente de l’empaler, il l’éviscère de son épée gigantesque, et son cheval de même. S’il se fait retenir au bras par une bête quelconque, il se l’arrache au couteau pour ensuite sauter sur son agresseur et lui ouvrir le ventre…Vous voyez sûrement pourquoi j’adore ces livres. Finalement, la caractéristique la plus criarde de ce type de personnage, c’est sa grande difficulté à s’intégrer au cœur d’un groupe ou d’une société, et est parfois traité comme un reclus, un solitaire ou un criminel pour ce, ce qui résulte en une certaine ambiguïté à propos de son affiliation (est-il vraiment un héros, ou tout simplement un personnage central?)…
Si je ne l’ai pas déjà assez clairement démontré, je dois dire que ce genre d’être fictif a décidemment piqué mon intérêt au plus haut point. En fait, je crois bien que, dans mon roman (qui progresse très lentement à vrai dire), mon protagoniste a quelque chose d’un héros byronien…Quoi qu’il en soit, je vais définitivement essayer de m’exercer à maîtriser ce type de fougueux personnage lors de l’un de mes futurs écrits…Espérons que je ne vais pas foirer mon essai! (Mon roman non plus, mais bon, on ne peut pas tout faire quand même…)

Le héros de Berserk...Voyez qu'ici, il semble plutôt normal, mais, en réalité, il est ridiculement dément...
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Mmm...Oui, celle-ci me semble assez juste.
Byron a inspiré toute une génération de romantiques français qui, à partir de l'image qu'ils s'en faisaient, ont cultivé une attitude dandy, très hautaine. Par contre, c'est la première fois que j'.entends Byron lié à un personnage aussi guerrier! Pourquoi pas!
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